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jeudi 9 janvier 2014

Prêtre, prophète et roi

En ce début d'année, je fais comme beaucoup : un bilan sur l'année passée. Et les perspectives pour l'année qui débute.
L'année dernière a été propice à un certain nombre de réflexions, d'approfondissements. Et j'ai eu du temps pour affiner certaines convictions. Le résultat, ça a été de belles rencontres, mais aussi de belles prises de têtes avec quelques-uns de mes "amis" sur Facebook. Certains m'ont agréablement surprise, d'autres déçue, mais finalement, je m'attendais un peu à ces réactions dans la mesure où les thèmes étaient très polémiques et je le savais.
Alors je me dis que beaucoup n'ont sans doute pas compris, et ne comprennent sans doute toujours pas pourquoi je m'acharne.
Après tout, la loi sur le mariage "pour tous" est passée. Elle est appliquée aussi, puisque des mariages ont été célébrés. Soit.
Pourquoi alors continuer ?
Parce qu'il n'y a pas que le mariage. Le mariage, ce n'est que l'un des premiers pas. Il y a encore l'avortement (c'est maintenant une réalité, il n'y a plus besoin d'être "en détresse" pour avorter, il suffit de ne pas avoir envie de poursuivre la grossesse). Et puis les lois sur la famille (congé parental, fiscalité, PMA et GPA) et sur l'euthanasie (parce que oui, c'est bien de ça qu'il s'agit !).

Alors oui, je continue de lutter et de m'opposer à ces lois et à ce gouvernement, même si a priori, ça ne sert à rien puisque les lois sont votées quand même. Je le fais pour être en paix avec moi-même. Je n'aimerais pas du tout me retrouver devant mon Juge, au jour de ma mort, et qu'il me demande des comptes sur le mode "Pourquoi n'as-tu rien fait ?" Alors comme je ne sais pas quoi faire d'autre, je parle, j'écris. Parce que sinon, je ne pourrai plus me regarder en face, un jour, quand mes enfants me reprocheront cette année 2013 et puis 2014 et les suivantes.

Mais encore ? En dehors de mon jugement, qu'est-ce qui me fait "courir" ?
Ma foi tout simplement.

Le jour de mon baptême, j'ai été élevée à la dignité d'Enfant de Dieu. Qu'on le veuille ou non, j'ai été faite "Prêtre, Prophète et Roi". Bon. Mais ça veut dire quoi, "Prêtre, Prophète et Roi" ? Et à quoi ça m'avance au quotidien ? Comment on peut être Prêtre sans avoir été ordonnée et, pire, en étant une femme ? Comment on peut être Prophète alors que l'Ancien Testament est écrit depuis longtemps ? Comment peut-on être Roi tout en étant une femme sans aucune ascendance noble, sans aucune relation directe ou indirecte avec une famille royale, même obscure ? À force d'y réfléchir, je me suis dit que je devais me planter quelque part dans la question. Parce qu'à quoi ça sert de baptiser les filles si seuls les garçons peuvent être "prêtres", car seuls des hommes peuvent être ordonnés ? Non, le "prêtre" selon le baptême, c'est forcément un peu plus universel que cette vocation particulière du sacerdoce... Dans le même genre, pourquoi s'enquiquiner à faire des "prophètes" si ceux-ci ne parlent que dans l'Ancien Testament ? Et puis, cela voudrait dire que la Parole de Dieu est figée et qu'elle est "passée" en quelque sorte. Or elle me "parle", à chaque fois que j'ouvre la Bible ou que je lis les textes du jour. Donc là aussi, il y a une erreur d'interprétation. Et puis, s'il n'y a que les Rois, les fils de roi ou les membres des familles royales qui peuvent être Enfants de Dieu, alors ça ne doit pas concerner beaucoup de monde, sauf à penser qu'on descend tous d'un roi ? Bref, Prêtre, Prophète et Roi, c'est sûrement autre chose que ce qu'en dit le langage courant (ou, d'une autre manière, la façon dont l’Église l'entend est sûrement moins réductrice que celle dont l'entend le monde).

Alors ?

Alors, j'ai eu un début de réponse quelques semaines avant Noël, lors de l'homélie de notre curé, à l'une des messes du dimanche.
Le prêtre, c'est celui qui pratique la charité. Donc qui aime l'autre. Et quel est le principal enseignement du Christ ? "Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés". 
 Voilà. Prêtre, parce que je suis appelée à aimer mes frères. En commençant par mon mari, mes enfants, mes parents. Mais aussi les autres, mes frères en humanité, c'est-à-dire tout le monde. Et c'est là que ça se corse et que ça devient difficile. Parce que mes "frères en humanité", ça veut dire aussi mes ennemis, tous les hommes. Donc aussi ceux qui m'énervent, qui m'humilient, qui me font du mal ou qui me posent de sérieux problèmes dans leur manière de gouverner notre pays (par exemple, hein, quelqu'un comme François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem ou Vincent Peillon, Christiane Taubira). Voilà. Donc je vais devoir réfléchir à la question suivante : comment faire pour les aimer, eux ??? Ben ça, c'est pas gagné. Mais bon, je sais aussi que seule, je ne peux rien faire. Donc que la solution, finalement, elle est assez simple : demander à Jésus de me donner son regard, son amour, pour que je puisse voir mes frères, tous mes frères, avec son regard d'amour. Et apprendre à les aimer.

Pour le prophète, c'est en fait un peu plus simple. Si je reçois une bonne nouvelle, du genre "j'ai un travail !" ou "On a trouvé une maison" ou encore "je suis enceinte" (non, c'est juste un exemple, hein!), eh bien j'ai envie de la dire à tout le monde. Envie de partager, quoi. Et pas que sur Facebook d'ailleurs. Donc je partage. Et ce faisant, je témoigne. Donc le prophète que je suis devenue au jour de mon baptême a pour "mission" de témoigner. De quoi ? De sa foi. De l'amour du Christ pour lui et pour les hommes, des miracles qu'Il fait chaque jour ! Et ça, c'est plus ou moins facile à faire.

Et pour le roi, alors ? De quel Roi s'agit-il ? Certainement pas de celui qui a une couronne et qui règne sur les hommes. Mais du Christ, je pense. Parce que juste avant l'Avent, le dernier dimanche de l'année liturgique, il y a la fête du Christ Roi de l'Univers. Donc le Christ est Roi (d'ailleurs c'est pour ça qu'Hérode a fait massacrer tous les enfants de moins de deux ans, juste après la naissance de Jésus: il avait peur qu'un autre roi vienne lui prendre sa place !). Et à ce titre, il se fait serviteur. On le voit très bien le Jeudi Saint, quand on relit les textes : Le Christ a pris ce jour-là le vêtement de service et s'est agenouillé devant les apôtres pour leur laver les pieds. Donc, quand je deviens "roi" par mon baptême, je suis appelée à me mettre au service de mes frères et sœurs. De mon mari et de mes enfants, mais aussi des autres.

Voilà donc le programme. Voilà ce que j'ai compris il y a quelques temps, qui était en germe depuis longtemps dans ma tête. Parce qu'il ne faut pas croire : je comprends vite. Seulement, il faut m'expliquer longtemps. Très longtemps, même. C'est comme le coup de la Passion du Christ. Petite, j'étais frappée par le "double sens" qu'avait le mot "passion". Je connaissais la passion amoureuse (on en parle assez !). Je savais aussi qu'on peut être passionné par la musique, par le chant, par les papillons ou la collection des timbres, par la lecture... Mais la Passion du Christ, c'est autre chose, hein ! La Passion, dans les Évangiles c'est le récit des souffrances de Jésus sur la Croix et de sa mort ! Bon sang, cette Passion-là, elle est violente, elle est dure, elle est meurtrière !!
Et pourtant, elle s'appelle la "passion". Il doit donc y avoir un rapport avec l'amour, non ?
Ce rapport, j'ai fini par le trouver il y a quelques années. Et ça a éclairé beaucoup de choses en moi. Ca va vous paraître simple, comme ça, mais ça reste encore, paradoxalement, un mystère pour moi parce que c'est tellement énorme que ça me dépasse totalement et, surtout, que ça dépasse ma compréhension humaine si limitée : Si le Christ a accepté de souffrir tout ça, c'est simplement par amour pour nous, les hommes (et pour notre salut, dit le Symbole de Nicée). Ce que j'ai encore du mal à comprendre (mais ça va, il paraît que j'ai encore le temps de chercher et que jusqu'à ma mort, ce n'est pas trop tard ! ouf !), c'est pourquoi il a fallu que le Christ meure sur la croix pour sauver les hommes, les délivrer du mal, du péché et de la mort ? Comment, en mourant, le Christ peut-il vaincre la mort ?
Voilà, ça, c'est une des grandes questions que je me pose (parce que si ça paraît évident à certaines personnes, ça ne l'est pas du tout pour moi, vous l'aurez compris : je n'arrive même pas à imaginer un tel amour !). Il y en a plein d'autres, mais je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, parce que rien que celle-là, elle va m'occuper pendant encore des lustres, je le sens.

C'est dans le texte d'aujourd'hui : "Si quelqu'un dit "J'aime Dieu" alors qu'il a de la haine contre son frère, c'est un menteur. En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas. Et voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu'il aime aussi son frère." (1 Jean 4, 19)
Donc il y a du travail, comme je le disais plus haut, pour pouvoir enfin dire "J'aime Dieu". Heureusement, il y a quelque chose que j'ai compris depuis plusieurs années maintenant, c'est que, de son côté, Dieu m'aime infiniment. Et qu'il me sait imparfaite et en chemin. Il m'a envoyé son fils, à moi, pour me montrer le chemin qui mène à Lui. Je n'ai qu'à le suivre. Donc à aimer mes frères, puisque c'est là le plus grand des commandements. Le truc, c'est qu'aimer, c'est difficile. Et que seule, je ne peux pas y arriver, c'est au-dessus de mes forces humaines. Alors je compte sur Lui, le Christ, pour m'y aider. Chaque jour.

(NB : j'ai un peu l'impression d'être une demeurée. Vous m'excuserez donc d'écrire des choses aussi basiques pour un catholique de base. Faut croire que, de mon côté, j'ai tout à reprendre, comme si mon cerveau avait décidé de se mettre en mode "reboot"...)

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