Blog d'humeurs,
blog de textes personnels,
de recettes de cuisine ou de coups de gueule,
blog d'interrogations, de questions,
sur l'actualité ou la vie en général...
On pourrait le qualifier de "fourre-tout",
je préfère le penser... à mon image :
complexe, éclectique, et forcément fait d'un peu de tout.

vendredi 8 mai 2015

Post-divorce

Je sens que je ne vais pas m'attirer que des sympathies mais tant pis.

On n'a pas fini d'avoir des problèmes...

Je tombe aujourd'hui sur cet article, relatant rapidement les déboires d'un couple "people" à propos de.. ses embryons congelés, alors que le couple en question s'est séparé.
Quid des "futurs enfants à naître" du couple ?

Toute cette histoire m'inspire quand même quelques réflexions (bien pauvres, c'est vrai, mais suffisantes pour montrer la complexité des choses et le pourquoi de certaines des opinions que j'ai) :
un couple congèle des embryons issus d'une fécondation in vitro (il y a donc un "projet parental", on ne peut en douter), mais au préalable, les deux amants (ils ne sont pas mariés, ou peut-être que si, mais l'article parle de "l'ex-petit ami" donc j'en conclus qu'il n'y a pas de mariage, sinon on parlerait de "l'ex-mari") ont signé un accord avant de faire la FIV à propos des futurs embryons, précisant qu'ils ne pouvaient "être utilisés sans une entente mutuelle".
L'ex-futur papa a entamé une procédure judiciaire à l'encontre de l'ex-future maman pour "obtenir la tutelle des embryons".
Soit.
J'en conclus plusieurs petites choses :
- l'embryon n'est pas une personne (on nous le rabâche constamment à propos de l'avortement, c'est ce qui permet aux avorteurs et à ceux qui souhaitent avorter tranquillement de ne pas avoir de problèmes avec leur conscience : ils peuvent se dire qu'ils n'ont tué personne, c'est bien plus pratique et ça permet de bien dormir la nuit), mais on peut être amené à avoir un "projet parental" pour lui et, mieux, à demander à avoir la "tutelle" d'un ou de plusieurs embryons
- Ça veut dire quoi, avoir la "tutelle" des embryons ? Jusque là, je n'en avais aucune idée, mais en regardant le contexte de l'affaire, dans l'article, il est dit que les embryons ne peuvent pas être "utilisés sans une entente mutuelle", à cause de l'accord qui a été signé entre les deux partenaires de l'ex-couple parental. Or, qui dit entente mutuelle dit que les deux "parents biologiques", puisque c'est de cela qu'il s'agit, doivent être d'accord pour faire naître l'un ou l'autre de ces futurs enfants potentiels. Avoir la "tutelle" de ces embryons voudrait-il donc dire "en avoir la responsabilité" ou, pour le dire plus prosaïquement "pouvoir en disposer comme bon semble au parent qui en aura le privilège" ?
- Là où ça se corse, c'est que les futurs parents se sont séparés et que, bien entendu, il n'est plus question, après cela, qu'ils mettent au monde ces enfants ensemble.
- D'un point de vue strictement comptable, le père est propriétaire de la moitié des gênes de chacun des embryons et la mère de l'autre moitié. Donc les embryons, finalement, ils appartiennent à qui ? La réponse devrait être simple : au couple (si tant est qu'un embryon puisse appartenir à quelqu'un. Rien que ça, ça me pose un léger problème, parce que c'est comme de dire qu'un de mes enfants "m'appartient"... ce qui n'est pas le cas. Nos enfants nous ont été confiés afin que nous les aidions à grandir. C'est tout. En ce sens, ils ne nous appartiennent pas. Et puis, mettre une notion de "propriété" sur un enfant ou un embryon, c'est réduire un être humain à un objet ou une marchandise... non ?). Sauf que le couple... il n'existe plus. C'est donc le serpent qui se mord la queue, là. Parce que concrètement, sauf à dénoncer le contrat qui a été passé avant la FIV, aucun des deux ne pourra faire naître l'un ou l'autre des enfants pour la simple raison qu'aucun des deux ne peut les utiliser seuls.
- Et puis, ce terme "utiliser", c'est à hurler. Parce que ça veut dire, là encore, que l'embryon, qui n'est donc pas une personne est vraiment considéré comme un objet. Que l'on peut utiliser comme on l'entend, le congeler quand la mère a 25 ans, le décongeler si l'envie lui prend, quand elle en aura 70, histoire de battre une nouvelle fois le record de la mère la plus vieille du monde...

L'embryon, un objet, donc, objet de désir de la part des parents biologiques, objet de tractations dans le cas présent, tractations d'autant plus sordides que si le contrat est dénoncé, l'enfant qui est susceptible de venir au monde, quel que soit le parent qui aura eu gain de cause, sera privé de l'un des deux... sauf si les deux géniteurs décident qu'ils se sont trompés quand ils se sont séparés et qu'ils se remettent à vivre ensemble... on peut rêver.

L'un des gros problèmes qui se posent, donc, dans ces cas de divorces compliqués de FIV, de PMA ou autres, c'est donc que l'enfant y est un objet, un droit... pas un être humain. Il est un enjeu, une condition, une marchandise, qui fait l'objet de tractations, de contrats, d'accords... que ce soit, comme ici, par FIV ou, comme dans d'autres pays, par GPA. L'enfant n'est pas ou plus considéré comme un don (d'ailleurs, comment pourrait-il être considéré comme un don quand on sait par quelles épreuves passent les couples qui ont recours aux FIV et aux PMA ? Il est plutôt le résultat d'un combat gagné par les parents contre l'adversité ou la nature qui a "condamné" les parents à l'infertilité et les a obligés à avoir recours à la FIV ou à la PMA...). L'enfant n'est donc pas un don, mais un dû. Un véritable objet, une marchandise certes très précieuse (la plupart du temps, les couples qui ont recours à ces techniques pour avoir un ou des enfants aiment infiniment leurs enfants, tout comme les couples qui les ont naturellement d'ailleurs), mais une marchandise quand même... et ça fait toute la différence avec les enfants nés de manière parfaitement naturelle.

Finalement, je me dis que tout cela serait facilement évitable si on changeait de perspective. Et si, au lieu de considérer que l'embryon n'est pas une personne (au sens juridique du terme), on commençait à le voir comme un enfant en devenir, un être humain à part entière ? Parce que, finalement, c'est très hypocrite, tout ça. L'enfant n'a aucun droit, la mère peut, au nom de son droit à disposer de son corps (et du coup du corps du bébé qui est dans son ventre), mettre fin à son existence ("purée, faut quand même pas pousser ! c'est mon corps et j'en fais ce que je veux !" J'ai envie de dire : "fallait pas avoir des relations sexuelles si tu ne voulais pas de bébé. Une méthode hyper-efficace contre les grossesses non désirées existe, elle est fiable à 100%, et c'est l'abstinence !). J'avoue en avoir un peu marre de l'argument "c'est mon corps et j'en fais ce que je veux". Oui, c'est ton corps, mais tu es aussi responsable de tes actes. Donc si tu es enceinte (là, en plus, la responsabilité est partagée avec le futur père, ça va de soi), ben faut pas venir pleurer sur la contraception qui ne marche pas ou le préservatif qui a craqué... quand on se connaît bien, on sait quand on peut et quand on ne peut pas avoir de rapports sexuels. C'est juste plus contraignant que la pilule, c'est vrai... Bon, je ne vais pas continuer sur ce chapitre, parce que ça va hurler dans les chaumières, je le sens.*
Toujours est-il que je me dis qu'un peu plus de sens des responsabilités, un peu plus de respect de l'autre, et surtout une autre perspective (le bébé est un être humain dès sa conception), on éviterait pas mal d'ennuis, et surtout on assumerait mieux ses actes.

Je me suis éloignée du sujet, pardon pour cette honteuse digression.
Donc, que vont devenir les petits bébés congelés ? Ah non, pardon. Ce ne sont pas des "bébés", mais des "enfants à naître"... Tiens, c'est marrant, la fin de l'article ! On passe d'embryons à "enfants à naître" ! Je ne peux pas m'empêcher de citer :
"Une femme a le droit de mener une grossesse à son terme même si l'homme est contre. Est-ce qu'un homme qui veut assumer toutes les responsabilités parentales n'aurait pas le droit également de mener ses embryons à terme même si la femme est contre?", interroge-t-il. "Ces questions, contrairement à l'avortement, n'ont rien à voir avec les droits d'une personne sur son propre corps mais avec le droit d'un parent de protéger la vie de son enfant à naître"
C'est beau, non ? Ce qui est génial, ici, c'est qu'on passe de considérations diverses sur des embryons (privés de droits et d'existence juridique) à des "enfants" qui, eux, sont sujets de droits, puisqu'il y a, dans notre beau pays et même un peu partout dans le monde, une Charte Internationale des Droits de l'Enfant ! On déplace donc le problème sur le plan émotionnel avec la responsabilité du père... En passant, il y en a au moins un qui a tout compris de l'imbroglio juridique dans lequel les lois sur l'avortement, la FIV et les droits des femmes à disposer de leurs corps nous ont mis : il y a discriminations, messieurs !!! Oui, vous êtes pris en otages par ces femmes qui, elles, peuvent vous faire un enfant dans le dos quand elles le veulent. Ce sont elles qui ont le pouvoir puisque ce sont elles qui ont un utérus. C'est injuste, mais c'est un fait qui ne pourra pas être changé dans l'immédiat. Mais vous, vous comptez faire comment pour faire valoir vos droits de "parent de protéger la vie de votre enfant à naître" ? Si la mère biologique des bébés ne veut plus d'enfant avec vous, vous allez faire quoi pour faire naître cet enfant ? Demander à votre nouvelle copine de porter les embryons de votre ex au motif que ce sont vos enfants ? Parce que, justement, pour que cet embryon devienne un jour un enfant, il lui faut un utérus pour se développer... Et donc la nouvelle copine du papa des embryons va se retrouver être la mère porteuse d'enfants qui ne sont pas d'elle et qu'en plus, elle devra élever ? 

Oh, non, je sais. Mais c'est encore pire alors ça me fait frissonner. Non, votre nouvelle copine, elle, voudra des enfants avec vous, c'est presque certain. Mais elle voudra qu'ils soient aussi d'elle. Du coup, pour vos embryons congelés, il faudra soit que vous louiez un autre ventre (c'est la GPA ! Youpi !), soit, pire, que vous fassiez appel à une technologie qui, il y a dix ans, nous était promise pour 2050. Elle n'existe pas encore, mais étant donné les progrès de la médecine et leur rapidité, il y a bon espoir que ce soit pour plus tôt que ça. Les utérus artificiels. Si, si.

On n'est pas dans la m.... !

______________________________
* Alors on va me dire "oui, mais qu'est-ce que tu fais de celles qui avortent suite à un viol ou un inceste ?"
Euh... oui, effectivement, là, on ne peut pas dire que la femme est responsable de cette grossesse. Seulement, je me pose une autre question : le viol, en soi, est déjà un traumatisme grave, voire gravissime pour la femme. Alors oui, c'est une abomination pour celle qui a vécu un viol ou des relations incestueuses non consenties. Mais l'avortement lui-même est aussi un traumatisme. Donc pour la femme qui a subi ce viol, on lui rajoute un second traumatisme ? Pourquoi serait-ce normal ? L'avortement, ça efface le viol ? J'ai la grâce de n'avoir jamais eu à subir cela. Mais je me dis que quand on est cambriolé, on ne met pas ensuite le feu à la maison pour "effacer" le cambriolage et les traces laissées par les cambrioleurs. On fait le ménage, on ajoute des alarmes et des serrures sécurisées, on porte plainte, on rachète ce qui a été volé, bref, on s'adapte et on reconstruit comme on peut. Et petit à petit, le temps fait le reste. Pourquoi infliger à la femme traumatisée par un viol un second traumatisme avec l'avortement ?
Et puis, il ne faut rien exagérer quand même : la plupart des femmes qui avortent (plus de 220.000 par an en France) n'ont pas été victimes de viols ou d'inceste. Mais de problèmes de pilule ou, plus simplement, de "ce n'est pas le moment" ou "ce n'est pas la bonne personne". C'est bien moins dramatique mais, je crois, plus proche de la réalité. Seulement on veut continuer à justifier l'avortement "pour les cas extrêmes" parce que c'est mieux pour la conscience et la moralité de ceux qui demandent la possibilité d'y avoir recours, alors même que la loi, récemment, a été changée pour supprimer la notion de "détresse" et permettre à toute femme qui le souhaite d'avorter. Donc on fait de l'avortement quelque chose de "bien" (au sens de légal, sachant que je commence à douter sérieusement du fait que toutes nos lois sont établies dans le but de viser le bien général), un moyen comme un autre d'éviter une grossesse, en niant totalement le droit du bébé à naître un jour, son droit le plus strict à vivre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire